La mythologie populaire qui sous-tend cette thématique est animée par la croyance en la circulation universelle, dans l'homme, les animaux dits "psychopompes" (pompes à âmes, tel le cochon) et le cosmos, d'un souffle, d'une âme portée dans le ventre, que les rites carnavalesques de soufflacul, de pétengueule et l'usage des aliments flatulents permettent de contrôler. En effet, le manger acquiert lors du carnaval un sens sacré.

Ainsi, les aliments flatulents, qui constituent une large part des bombances de carnaval, assurent le contrôle des souffles naturels. Ils convoquent la symbolique de la naissance anale. Claude Gaignebet le souligne : " Rires, silence, bombances, pets ou soufflaculs sont autant de modalités de cet effort par lequel l'homme (...) cherche à préserver l'équilibre mouvant des pressions respectives de son souffle et de l'esprit du monde ". Le contrôle du souffle corporel (NB : Cloaca émet des gaz au cours de sa digestion) est central dans la tradition carnavalesque. Rabelais le souligne : ce contrôle se joue autour de l'orifice anal. La présence du porc chez Wim Delvoye confirme cette idée : la cérémonie de l'abattage du porc s'accompagne de farces et pratiques scatologiques (" souffle-lui au cul, tu auras la vesse ", rondes de soufflaculs, etc.), qui indiquent chez le porc un caractère psychopompe.

Comment ne pas penser aussi au lien entre la Rose des vents, représentant quatre figures angéliques tournées vers le ciel, un télescope fiché entre la bouche et l'anus) et la place tenue par les anges dans la cartographie ancienne, où ces derniers représentent et contrôlent les quatre vents, qui tout à la fois orientent et gouvernent notre rapport physique au monde ? Il convient enfin de rappeler que l'importance de l'anus (Rose des vents, Anal kiss) est due en partie à son rôle dans le contrôle du souffle vital, esprit qui anime l'univers à travers le corps humain conçu comme un tube (Cloaca).