« Voyons un peu comment un éloge
du pet aurait pu trouver nobles cautions dans l'histoire et la
littérature : Hippocrate, par exemple, qui dans son traité intitulé Des
Vents, avait écrit : « Selon toute vraisemblance,
la source des maladies ne doit pas être ailleurs (que dans
les vents) selon qu'ils sont en excès, soit en défaut,
ou selon qu'ils entrent dans le corps trop à la fois ou
souillés de miasmes morbifiques. » Voilà une
caution médicale. N'aurait-elle pas suffi qu'on aurait
pu recourir à l'histoire des idées politiques.
Lisons un peu Suétone, oublions les dates et jouons avec
la chronologie. Dans les pages qu'il consacre à l'empereur
Claude, l'historien rapport que le prédécesseur
de Néron « songea à publier un édit
par lequel il donnerait la permission d'émettre au cours
d'un repas des vents et des pets parce-qu'il avait découvert
que quelqu'un était tombé malade pour s'être
retenu et avoir respecté les convenances ». (...)
On (peut convoquer) des célébrités plus
tardives : Erasme, par exemple - « Si un pet sort sans
bruit, c'est très bien ... Cependant il vaut mieux qu'il
sorte avec bruit que d'être retenu ». Ou bien Aristophane,
qui met en scène Tourneboule, grand généalogiste
des pets - « Ca tonitrue, ça brouette là-dedans,
un vacarme, un beau hourvari ! Piano, pour commencer : pappax...pappax...
Et puis accelerando... Parappapax...Et quand je chie, c'est un
vrai tonnerre : paraparappax... Exactement. » D'autres
auraient convoqué le Giton du Satiricon - « il levait à chaque
instant la jambe et emplissait la route de bruits inconvenants
en même temps que de puanteur. » Il y avait enfin
Crépitus que Flaubert voulait adouber et élever
au grade de dieu du pet et tant d'autres encore... »