Maison du Chamarier, 2020-2021
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Opération: Fouille
Dates de l'opération : 2020-2021 (en cours)
Opérateur : SAVL
Aménageur : TEPF
Maitre d'œuvre : RL&A
À l’occasion de travaux de restauration engagés sur l’Hôtel du Chamarier pilotés par la maîtrise d’œuvre RL&A, cet immeuble emblématique du quartier médiéval de Saint-Jean a fait l’objet d’une fouille archéologique sur le bâti prescrite par le Service Régional de l’Archéologie (SRA). Elle a été confiée au Service Archéologique de la Ville de Lyon (SAVL) par la maîtrise d’ouvrage ASL Maison du Chamarier.
Les archéologues, dont l’étude s’inscrit dans le calendrier des travaux, bénéficient de l’accès aux maçonneries du bâtiment après piquage des enduits récents, porte d’entrée privilégiée pour saisir l’histoire de la construction du lieu. Ils peuvent ainsi lire les multiples phases de construction qui caractérisent l’architecture civile en ville. Ils procèdent à l’identification des matériaux de construction (pierres, briques, mortiers, bois, fer…), la reconnaissance des emplacements des anciens plafonds et charpentes (trous de poutre), la lecture des multiples circulations aujourd’hui condamnées (portes, fenêtres), ou encore des successions de badigeon qui renseignent sur les ambiances colorées des intérieurs.
Grâce à ces observations, ils sont ainsi à même de proposer une restitution des édifices phase par phase, mais aussi de caractériser les savoir-faire techniques des ouvriers et les évolutions technologiques observées au cours du Moyen Âge. Leur étude contribue au projet de conservation et de restauration du bâtiment.
Situé dans au nord de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, à
l’intérieur de l’enceinte canoniale et à proximité directe de la porte
principale (Porte Froc), l’hôtel était destiné au logement des
chanoines. Il repose sur des vestiges plus anciens, identifiés par
l’Institut national de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap)
entre 1990 et 2004 : un premier habitat antique, auquel succèdent de
multiples réaménagements durant tout le haut Moyen Âge (IVe-XIe
siècles). Ces vestiges témoignent d’une occupation très dense du nouveau
centre-ville créé après l’abandon de la colline de Fourvière.
L’hôtel particulier du Chamarier a connu plusieurs phases de réaménagement entre le XIIIe et le XVIIe siècle. Il s’appuie contre une portion de l’enceinte canoniale de la ville, rare témoin conservé encore en élévation sur 30 m de long par 10 m de haut, apparu après le piquage de la façade rue Bombarde. L’enceinte, édifiée durant la deuxième moitié du XIIe siècle, était destinée à clôturer le groupe épiscopal. Elle offrait une protection militaire aux chanoines tout en signifiant de manière monumentale dans le tissu urbain leur séparation du reste de la ville.
Le rempart, large d’1,80 m, est édifié en moellons de gros modules de gneiss pris dans un mortier de chaux de composition très grossière. Pour venir à leurs fins, les maçons ont utilisé un échafaudage qu’ils ont ancré dans la maçonnerie et que nous pouvons aujourd’hui restituer grâce à l’analyse des trous de boulin : ces espaces ménagés dans les assises de gneiss servaient à insérer les perches horizontales soutenant les platelages, avant d’être rebouchés à la fin des travaux. L’ensemble présente une construction rapide et extrêmement robuste. Sa construction répond sans doute à des troubles politiques qui agitent la région aux XIe et XIIe siècles, en raison d’une opposition croissante entre le comte de Forez et l’archevêque de Lyon.
Les investigations menées dans les intérieurs de l’immeuble sont encore en cours, mais laissent déjà deviner une évolution complexe des bâtiments qui composent aujourd’hui l’hôtel. Le travail des archéologues se poursuit…