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Eglise de Saint Priest

 

Adresse : 1 Place Louis Favard, 69800 Saint-Priest

Période(s) d'occupation : Moyen-Age, Moderne, Contemporaine

Opération : Sauvetage archéologique

Dates de l'opération : 2014

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon

L’opération a été suscitée par la dépose des dalles lithiques d’origine (XIXe s.) pour une réfection du niveau de circulation. L’impact des travaux sur le sous-sol ayant été sous-estimé, l’intervention archéologique n’est intervenue qu’après l’alerte donnée par les locaux auprès de l’État (Service Régional de l’Archéologie), suite à la mise au jour de murs et d’ossements humains. L’opération de sauvetage, menée par une équipe du Service archéologique de la Ville de Lyon, était conditionnée par la profondeur maximale des travaux, soit en moyenne 0,20 m. Elle a consisté à nettoyer la surface des vestiges dans chacune des travées concernées, à en faire un levé topographique, à caractériser l’occupation funéraire et éventuellement à dater les structures bâties et sépulcrales. Cette investigation, courte et spatialement limitée, a néanmoins mis en évidence la présence de 24 sépultures individuelles à inhumation, repérées grâce aux bois de cercueil conservés, 2 réductions, 17 murs ou maçonneries dont un caveau funéraire et 3 tranchées de récupérations, près de 6 sols ou niveaux de fréquentation, 1 trou de poteau, et des remblais omniprésents de nature cimétériale, comportant de nombreux éléments de construction à l’état détritique, des restes de cercueils (bois et clous) et d’architecture funéraire, et des pièces osseuses humaines. Ces vestiges s’échelonnent sur près de 600 ans, depuis le XIIIe s. jusqu’en 1833, date à laquelle la première pierre de l’église actuelle a été posée.

La problématique s’articule avec les découvertes faites il y a 20 ans au château de Saint-Priest (fouille de l’Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales), à quelques 80 m au sud de l’église, et avec les mentions historiques transmises par la documentation archivistique. En effet, une église bâtie autour de l’an Mil ou peu après occupait l’emplacement de la future place forte. Elle semble avoir été installée après la mise en place d’un espace d’ensevelissement. La fréquentation de l’une et l’autre s’achève au XIVe s. quand les seigneurs de Saint-Priest prennent possession des lieux pour y bâtir leur demeure castrale. La question est donc de savoir si le transfert de l’église ancienne s’est effectué directement sur le lieu actuel (dont la présence à cet endroit précis est connue au moins depuis 1786 par les plans anciens). À cette recherche du sanctuaire paroissial du second Moyen Âge s’ajoutent les interrogations concernant les dépendances de Saint-Martin-d’Ainay et de Saint-Pierre-les-Nonnains. Ces deux antiques et puissantes abbayes lyonnaises étaient en effet possessionnées en Velin et on peut légitimement envisager qu’elles complétaient toutes deux le paysage ecclésial San Priot par des ensembles claustraux, ou de simples chapelles (l’existence de deux prieurés étant attestée dans la documentation archivistique).
Les limons glaciaires, apparemment arasés et nivelés, servent de socle à l’édifice. Ils semblent néanmoins fréquentés en leur sommet : il s'agit d'un niveau de fréquentation daté par le mobilier céramique des XIII-XIVe s., à partir duquel et dans lequel sépultures et église vont s’implanter. Cette dernière présente actuellement un chevet ancien pentagonal, de style gothique et de facture médiévale - XIV-début XVIe s. ( ?) -, en témoignent les baies ogivales et leurs remplages sculptés. D’après la chronologie relative, un mur est-ouest pourrait appartenir à cette phase qu’on pourrait qualifier de primitive si l’on admet l’érection originelle de l’édifice de culte à la fin du Moyen Âge. On attribue aussi à cette phase quatre piliers quadrangulaires situés dans l’angle nord-est de l’édifice primitif ainsi supposé. Leur chronologie comme leur fonction restent à l’état d’hypothèse : support d’un dais, d’un monument funéraire, ou encore supports verticaux marquant un accès à l’église ? La période qui suit est marquée par l’installation de chapelles latérales au nord et au sud (au moins 3) agrandissant l’espace funéraire disponible entre le XVIe et le début du XVIIIe s. d’après le mobilier céramique et le monnayage mis au jour en contact avec les sépultures de cette phase.

L’Ancien Régime est marqué par l’agrandissement vers l’ouest de la nef, concomitant à la construction d’une chapelle sur l’angle nord-ouest de l’édifice. Enfin, faits documentés par les archives et la littérature, en 1821 le Sieur Guignard est inhumé dans un caveau sis « dans la cour de l’église ». Il faut entendre l’espace ouvert adjacent à l’église, mais il manque un point cardinal à cette mention. Or, quelques années plus tard, il semblerait que le caveau gêne les habitants, si bien que la dépouille est transférée au cimetière de Loyasse à Lyon. Par la suite, en 1823, les paroissiens font agrandir la nef de l’église de 4 m à l’ouest, empiétant donc sur l’espace extérieur. Nous voyons dans ces deux événements successifs un lien possible de cause à effet : le caveau fraîchement construit à l’extérieur de l’église, pourquoi pas à l’ouest, finit par gêner l’extension ce celle-ci, et par être englobé dans la nouvelle emprise ecclésiale. Dix ans plus tard, l’église telle que nous la connaissons aujourd’hui est construite, englobant la précédente et doublant l’espace d’accueil des fidèles par l’édification de bas-côtés. Ce faciès est celui observé pendant l’opération puisqu’un caveau funéraire maçonné, de facture récente, s’appuie contre un mur nord-sud de 4m en retrait de la façade actuelle.

Les sépultures semblent présentes à chacune des phases de construction ou d’aménagement du Moyen Âge à la première moitié du XIXe s.: le cimetière communal n’est instauré qu’en 1849, et nous avons vu que la famille Guignard fait valoir ses privilèges seigneuriaux sur la terre du cimetière jusque dans les années 1820. Aussi, beaucoup des inhumations primaires individuelles repérées in situ à une altitude très proche du niveau de circulation actuel pourraient appartenir à cette période tardive. La conservation étonnante des bois de cercueil plaide en faveur de leur caractère récent et témoignent de perturbations ultérieures de très faible intensité. La fouille exhaustive d’un tel ensemble livrerait des données exemplaires à propos d’une population paroissiale, probablement appuyées par la documentation textuelle (registres paroissiaux).