Adresse : Esplanade de Fourvière, sanctuaire de Fourvière, 69005 Lyon
Période(s) : Antiquité, Moderne
Opération : fouille d'archéologie préventive
Dates de l'opération : mars - juin 2018
Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon
Aménageur : Fondation Fourvière
Le secteur de la Basilique de Fourvière est traditionnellement considéré comme l’emplacement du forum de Lugdunum. Ce postulat, datant du XVIe, s’appuie essentiellement sur l’étymologie du mot Fourvière qui dériverait de forum vetus. Le diacre Florus mentionne, en ces lieux, l’effondrement du forum de Trajan survenu en 840. Les puissantes fondations antiques découvertes à l’occasion de travaux du XXe siècle apportent à A. Audin de nouveaux éléments sur la base desquels il restitue les contours de ce forum. De récentes études des blocs architecturaux menées par D. Fellague démontrent la présence certaine d’édifices monumentaux de différentes époques. Cependant, la thèse du forum est écartée par A. Desbat qui considère, entre autres, le site comme décentré du noyau urbain. La question de l’urbanisme du plateau de Fourvière reste donc ouverte et les opérations préventives menées sur le site depuis 2016, quatre diagnostics complétés par la fouille du kiosque, apportent un lot d’informations essentiel pour la compréhension du quartier antique.
La fouille a mis en évidence la présence d’un ou plusieurs édifices antiques monumentaux dans lesquels s’insère un réseau d’adduction d’eau. L’épaisse fondation d’un mur d’une largeur de 2 m, orientée nord/sud, a été observée lors de la fouille. Déjà repérée dans l’emprise du diagnostic de 2017, on peut restituer sa longueur à 33 m au minimum. Un canal d’aqueduc enterré de 0,56 m par 1,30 m, dont le voûtement est en grande partie conservé, chemine contre ce mur. Il a été reconnu sur une longueur de 28 m avec une pente sud/nord de 0,47%. La cote du radier, à 288,25 m NGF, nous amène à penser qu’il achemine les eaux du Gier dont le dernier tronçon d’aqueduc avéré se situe rue Roger Radisson (Lyon 5e) à proximité du réservoir de fuite du vallon de Trion à une altitude d’arrivée estimée à 299,60 m NGF.
Le canal découvert pourrait correspondre à un diverticule, composante du réseau urbain de distribution chargée d’alimenter spécifiquement les réservoirs de l’éperon de Fourvière. Le canal s’interrompt au nord pour se connecter à une canalisation perpendiculaire dont il ne reste plus que les départs des piédroits et les négatifs de briques qui constituaient son radier. Cette canalisation s’insère entre deux murs plus anciens d’axe est-ouest et distants d’1,50 m. Le premier, soutenant le terrain naturel au sud, dessine une pièce à abside au mur enduit et probablement décoré de stuc. L’espace est comblé lors de la construction du second mur, très bien conservé, qui présente une large embrasure, interprétée comme un possible soupirail. Situé probablement à plusieurs mètres sous la cote du projet, aucun sol d’usage ou niveau d’occupation en lien avec ces deux maçonneries n’a pu être atteint.
La pauvreté du matériel archéologique mis au jour ne permet pas d’établir une chronologie fiable du site. Toutefois, cet ensemble n’est pas homogène et correspond à des aménagements et réaménagements s’échelonnant entre la période augustéenne et son abandon, au plus tard dans la première moitié du IIIe siècle apr. J.-C.
Cette opération confirme donc la présence à cet emplacement de bâtiments monumentaux. Toutefois, leur interprétation reste difficile à établir. En effet, compte tenu du caractère monumental qui ne peut se concevoir qu’à champ large, l’exiguïté de la parcelle sondée, soit 220 m² concernés par les niveaux antiques, rend délicat l’établissement d’hypothèses sur la nature des vestiges.