Antiquaille - La Maison de Pierre Sala
l'enluminure du manuscrit de Pierre Sala,
Complainte au Dieu d'Amour, daté entre
1517 et 1523
(cliché Österreichische Nationalbibliothek)
Adresse: 1 rue de l'Antiquaille
Période(s) d'occupation: Antiquité, Moderne, Contemporain
Opération : étude du bâti, diagnostic archéologique (achevé)
Dates de l'opération: du 5 mars 2007 au 4 juin 2007
Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon
Aménageur : Elite Invest SASLes travaux de réhabilitation engagés en 2007 à l'Antiquaille font l'objet d'un suivi archéologique du bâti. Ainsi il donne la possibilité d'en apprendre un peu plus sur la maison Sala/Buatier et permettra peut-être de découvrir les éventuels vestiges antiques comme le suggérera Pierre Sala en nomment sa maison "anticaille". L'étude archéologique bénéficie de l'apport d'une riche documentation archivistique et iconographique étudiée et publiée par Bernard Ducouret, conservateur à l'Inventaire.
Au printemps 2007, un diagnostic archéologique a été réalisé par le Service Archéologique de la ville de Lyon dans la partie nord du bâtiment M2 mitoyenne avec le bâtiment H de l’ancien hôpital l’Antiquaille. Cette partie du site de l’Antiquaille fait l’objet de travaux de réhabilitation de l’ancien hôpital en logements par la société Elite Invest SAS. L’intervention archéologique a permis de mettre en évidence plusieurs états de construction. Le plus ancien remonte à l’époque antique, les autres périodes de construction sont plus récentes. Elles sont comprises dans une fourchette chronologique qui va du XVIe siècle jusqu’au XXe siècle.
État 1 : les vestiges antiques
Un mur antique, sans doute destiné à soutenir une terrasse, a été repéré à l’arrière des arcades qui portent la façade principale (est) située dans l’emprise du diagnostic. Le parement du mur antique présente des arrachements de voûte et de contreforts détruits par les constructions ultérieures. Toutefois, ce mur se prolonge du côté nord dans la tour et du côté sud (hors diagnostic) où il est entièrement conservé sur une travée. Les indices archéologiques enregistrés ont permis de proposer une restitution de l’aspect d’origine de ce mur. Il est possible que ce mur corresponde aux vestiges décrits par les divers auteurs anciens.
État 2 : les vestiges du début du XVIe siècle
Dans le premier quart du XVIe siècle, Pierre Sala fait ériger une maison qu’il nomme Antiquaille car des vestiges antiques apparaissent lors des travaux. Les écrits anciens suggèrent que les cinq arcades visibles sur les enluminures figurant sa maison sont d’origine antique. C’est ce que semblent confirmer les résultats du diagnostic. De la construction de Pierre Sala, il a été retrouvé un contrefort d’angle qui vient doubler le mur antique. Ce contrefort donne la limite nord de la maison. Des observations complémentaires à l’emprise du diagnostic montrent en effet que la construction de Pierre Sala s’appuie sur des arcades antiques et que la maison se prolongeait plus au sud du contrefort d’angle jusqu’à la tour centrale du bâtiment D.
État 3 : les vestiges de la fin du XVIe siècle
Ce troisième état coïncide avec les travaux d’agrandissement réalisés vers 1580 par la famille Buatier après qu’ils ont acquis la maison de Pierre Sala. Les travaux consistèrent, entre autres, à l’agrandissement vers le nord du premier logis en s’appuyant sur le contrefort d’angle de la maison de Pierre Sala. La lecture archéologique de la partie nord du bâtiment M2 montre que les Buatier ont détruit au moins quatre travées de voûtes d’un mur antique pour reconstruire deux arcades de grande dimension. Au nord de cette extension, il a été reconnu une aile en retour d’équerre un peu à l’image de la maison représentée sur le plan Maupin de 1625. À l’exception des fenêtres, il reste de cette maison le mur de façade orientale et la façade secondaire sur trois niveaux.
du bâtiments H de l'hôpital de l'Antiquaille
© SA Ville de Lyon
État 4 : les vestiges du XVIIe siècle
Au XVIIe siècle, les Visitandines transforment la maison des Buatier en couvent. La partie nord du bâtiment M2 conserve de cette période la tour bâtie en 1672-1673. Il s’agit d’une extension, par l’est et le nord, de l’aile de la maison des Buatier. La charpente et le plafond qui couronnent la tour sont également à dater de cette période. Les différentes fenêtres de la façade principale de la maison et de la façade secondaire sont vraisemblablement des créations des Visitandines. Ces ouvertures semblent reprendre l’emplacement des fenêtres de la maison Buatier. Enfin, les aménagements intérieurs du rez-de-chaussée du logis (niveau 3) dateraient également de cette période.
État 5 : les vestiges du XIXe siècle
Les
travaux du XIXe siècle dans la partie nord du bâtiment M2 sont marqués
par la création dans la tour d’un escalier rampe sur rampe. Les textes
et les observations
archéologiques vont dans le même sens et situent
les travaux dans la première décennie du siècle. Avec moins d’assurance
nous plaçons à la même période et à la même phase de chantier la
création d’une voûte en berceau au rez-de-chaussée de la tour (niveau
1). Enfin, il semblerait que le découpage de la tour sur les trois
premiers niveaux ait été dicté par la création de l’escalier ;
voûtement, donc, du premier niveau et installation de plafonds à la
française entre les niveaux 2 - 3 et 3 - 4.