Cloaca apparaît à bien des égards
comme une œuvre technologique: elle fait intervenir dans
son fonctionnement de nombreux spécialistes: chimistes,
micro-biologistes, spécialistes du transit intestinal,
auxquels viennent s’ajouter les cuisiniers chargés
de concevoir la nourriture de la machine.
Cette pluralité des techniques convoquées pour
la réalisation de Cloaca participe de la polysémie
de l’œuvre: il n’est pas anodin que Wim Delvoye
ait été contacté par des Musées
de la Science qui souhaitaient exposer
sa machine.
Machine scientifique autant que machine d’art, mécanique
biologique propre à susciter l’intérêt
des chimistes et des gastro-entérologues aussi bien que
celui des amateurs d’art contemporain, Cloaca est une de
ces œuvres-machine qui posent la question des rapports entre
l’art et le monde utilitaire de la technologie.
La
technologie est très largement présente dans
le travail de Wim Delvoye, et ce aussi bien sous la forme de
référence aux machines du monde quotidien (le téléphone
portable apparaît comme un motif des vitraux), que sous
la forme de processus de réalisation des oeuvres, comme
la radiographie médicale et les techniques de laboratoire.
La liste des techniques et savoirs spécialisés
utilisées par Wim Delvoye pour la réalisation et
la maintenance de ses œuvres est impressionnante. S’y
côtoient entre autres l’artisanat, comme le vitrail,
la mosaïque, la porcelaine, la sculpture sur bois, la peinture
ornementale façon armoiries ou carreaux de Delft, le tatouage,
la taxidermie - et des techniques et savoirs scientifiques, comme
la radiologie, l’optique, la chimie, la médecine
vétérinaire (pour soigner les cochons), des technologies
comme la photographie, la vidéo, l’infographie…