Fernande Nicaise, responsable de l’atelier de typographie
Fernande Nicaise est responsable depuis 1999 de l’atelier de typographie du Musée. Tout au long de l’année, elle anime les ateliers destinés aux scolaires, aux 8-13 ans ou aux adultes. Sa mission ? Faire découvrir et pratiquer l’imprimerie traditionnelle.
Quel est votre passé professionnel ?
Je suis compositeur-typographe de formation et j’ai travaillé 19 ans dans une imprimerie de labeur lyonnaise.
Pourquoi avoir rejoint le Musée de l’imprimerie ?
Je voulais faire « autre chose » tout en continuant le métier que j’aime. Je voulais rester une « typo ». L’évolution de la profession ne me l’aurait pas permis ; si j’étais encore dans une imprimerie, aujourd’hui, je travaillerais uniquement sur ordinateur. Au Musée de l’imprimerie, je suis passée de la production à la transmission.
Comment s’est passé ce changement de cap ?
Je me suis remise en question car lorsqu’on travaille pour un employeur, on a d’abord des impératifs de rentabilité. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas rester « une typo de base », même si c’est cette connaissance du métier qui me permet aujourd’hui d’évoluer dans mon activité au Musée. Au Musée, je me suis penchée sur l’histoire de l’imprimerie, sur celle des collections. J’ai travaillé l’aspect artistique du métier, ce que je ne faisais pas dans le cadre de l’entreprise. J’ai visité de nombreux autres ateliers de typographie, pour bénéficier de leur expérience.
Quel est votre mission aujourd’hui au Musée ?
Je suis responsable de l’atelier de typographie et j’ai deux missions : inventorier, valoriser et entretenir le matériel typographique patrimonial, et, bien sûr, accueillir les scolaires, ce qui constitue l’essentiel de mon travail. Je leur fais découvrir et pratiquer la typographie.
Ces scolaires appartiennent à la génération de l’ordinateur, comment réagissent-ils devant le matériel traditionnel ?
Mais le lien avec l’ordinateur se fait immédiatement ! C’est le vocabulaire de la typo qui est utilisé par l’ordinateur : le corps, la police, la justification, etc. À l’atelier, j’apporte un « plus » très appréciable : j’apprends à respecter les règles de la typographie, de la ponctuation, de l’orthographe. Quand les jeunes viennent composer et imprimer un livre au Musée, ils deviennent très exigeants : aucun ne veut repartir avec une coquille imprimée ou de « l’à peu près ».
Et les plus petits ?
Les grandes sections maternelles à l’atelier, ça été un vrai challenge. J’avais peur que la composition, avec l’inversion du dessin de la lettre, soit trop compliquée. Eh bien pas du tout ! Ils démarrent tout de suite. Je leur fais composer leur prénom avec de gros caractères de bois et imprimer sur une presse manuelle ; ils sont très fiers lorsqu’ils repartent après avoir manipulé des outils d’imprimerie comme des professionnels.
Vous êtes au Musée depuis 1999, êtes-vous toujours capable d’innover, d’inventer ?
Bien sûr ! Les possibilités sont infinies, même avec un savoir-faire traditionnel. Il faut savoir sortir des habitudes. Les enseignants sont des moteurs de changement et ils me laissent carte blanche. J’invente sans cesse de nouveaux ateliers, j’améliore tous les jours. Aujourd’hui, les livres qui sortent de chez nous ont de vraies reliures, j’imprime aussi bien sur le papier que sur le tissu, je donne une large place à la création, à l’esthétique. Lorsque le Musée expose les réalisations, aussi bien des scolaires que des ateliers grand public, les visiteurs sont émerveillés.