Il a le teint hâlé du vacancier. Mais qu’on ne s’y trompe pas : si Pierre Casas passe de longues heures sur les bateaux de croisière, c’est pour la bonne cause. Faire découvrir Lyon aux touristes anglophones, leur faire apprécier l’Ile Barbe et les quais multicolores, c’est son travail de guide interprète national. D’abord professeur d’anglais, Pierre Casas a voulu, un beau jour, changer d’auditoire.
Guide interprète national
« J’ai enseigné pendant dix ans en lycées et collèges, commente-t-il. Et puis, j’ai voulu toucher à autre chose, approfondir mes connaissances en histoire et en histoire de l’art, pratiquer l’anglais dans un autre cadre. »
Une formation à l’Université de Lyon en guide interprète national, et le voilà lancé dans l’univers du tourisme comme guide indépendant. Avec des missions aussi différentes que de montrer à des Américains (toujours un peu pressés) les beautés de Lyon que de se conformer aux desideratas d’un banquier chilien (encore plus pressé) qui souhaite découvrir un musée local.
Le plus lyonnais de tous les musées
« C’est ma collègue Priscilla Packer, elle-même conférencière, qui m’a parlé du Musée de l’imprimerie, en recherche d’un guide anglophone. J’ai tout de suite trouvé que c’était le plus lyonnais de tous les musées, avec son ambiance Renaissance, sa cour qui cache une traboule, au fond de laquelle vous attend un « bouchon » typique. Bref, du mystère, des marches à monter, le tout dans une bonne odeur de cuisine… »
Écrin (entre autre) de l’imprimerie lyonnaise du 16e siècle, le Musée ne pouvait que séduire cet amateur de l’histoire de Lyon. « Il me permet d’approfondir ma connaissance de la ville ».
De Gutenberg à internet
Au Musée de l’imprimerie, Pierre Casas retrouve sa fibre pédagogique. « J’aime bien prendre en charge les scolaires, d’abord parce que c’est mon cœur de métier, ensuite parce que cela me permet de transmettre mes connaissances d’une façon plus sereine, plus posée que lors d’une visite purement touristique, qui se résume assez souvent au survol… ». Notre conférencier apprécie particulièrement les sections consacrées aux premiers supports de l’écriture, à l’invention de la typographie, à l’influence de la diffusion de l’imprimerie sur les modes de pensée.
« Internet rend le Musée encore plus pertinent et plus intéressant. Un jeune qui s’installe devant son ordinateur, puis compose un texte en quelques minutes, l’imprime, doit se confronter à cette histoire de l’écrit qui commence à la tablette de marbre, à l’argile, au papyrus, au parchemin. Je pense que pour la plupart d’entre eux c’est une révélation… ».
Pierre Casas est passionné par cette mise en perspective des nouveaux médias numériques et de la diffusion de l’imprimerie à la Renaissance. « J’ai l’impression que l’on vit une période similaire. Internet, c’est aussi la diffusion des bonnes (et des mauvaises) idées, le coup d’accélération aux concepts qui trouvent un moyen puissant pour se répandre ». Tout un programme pour les scolaires qui suivront ses visites dès la rentrée de septembre !