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Éléonore Litim : au plaisir de graver

Les Beaux Arts en 1990 avec spécialisation en photo, dessin et techniques de l’image ; le prix Linossier de gravure en 1991 ; des études d’archéologie des mondes anciens ; un diplôme d’égyptologie ; l’apprentissage de la lithographie ; une formation en langue des signes ; des expositions de gravure et photos…
Cet inventaire à la Prévert constitue pourtant le palmarès éloquent d’une seule personne : Éléonore Litim, graveur et lithographe, qui transmet son savoir-faire depuis 1999 aux jeunes (et moins jeunes) visiteurs du Musée de l’imprimerie.


La gravure, c’est magique

C’est elle qui, à son arrivée au Musée, a proposé d’élargir la composition typographique avec l’utilisation de l’image. « J’avais déjà une bonne expérience de l’apprentissage de la gravure aux plus jeunes grâce à mes interventions dans des centres sociaux ou de loisirs. »

Au début de l’atelier de gravure, les scolaires sont un peu impressionnés. Et puis, tout va très vite : Éléonore les emmène dans les collections du Musée, pour leur faire découvrir les outils du graveur, les différentes techniques de la gravure sur bois de bout ou bois de fil ; puis c’est l’arrêt devant les œuvres des graveurs confirmés. Le défi est lancé…

« Les enfants créent une image simple qu’ils gravent ensuite, à l’aide d’une gouge adaptée à leur main, dans du lino. Il s’agit ni plus ni moins que de linoléum pour les sols, mais qui contient des matières naturelles comme du liège, avec un renfort de jute. Cela donne un support souple, utilisé d’ailleurs par les plus grands artistes, qui permet de graver en relief. Une fois réalisée, cette matrice sera encrée par l’élève puis tirée sur les presses du Musée. »

Et là, c’est l’instant magique. « Les enfants ont beau être prévenus du déroulement de l’atelier, ils sont surpris et heureux du résultat. Ils peuvent emporter leur œuvre. Pour certains, cela a été le début d’une longue pratique. Il y a des enfants que j’ai formés à huit ans, à vingt-deux ans, ils viennent toujours à mes cours. »
Éléonore a une expérience poussée d’apprentissage de la gravure à des publics spécifiques : handicapés moteurs, malentendants. Au Musée, elle a plusieurs fois mis à profit sa formation en langues des signes et se tient prête à accueillir des enfants ou des adultes malentendants.







L’aventure du livre-objet

Pour les adultes et en collaboration avec Fernande Nicaise, responsable de l’atelier de typographie du Musée, Éléonore Litim a mis au point des stages dont l’objectif est la réalisation d’un livre-objet. Ils sont destinés à tout un chacun mais aussi à un public plus spécialisé comme les graphistes, les artistes, les écrivains. « Les week-ends découverte nourrissent les stages de gravure/typo. Beaucoup prennent goût à ces techniques, certains rentrent alors dans un cycle de création qui va durer parfois plusieurs années. Une jeune femme revient depuis près de dix ans à cet atelier. Je vois évoluer les personnalités, les techniques. C’est un investissement très important en temps, car l’atelier court sur soixante-dix heures, sans compter les recherches personnelles chez soi. »

Fernande Nicaise et Éléonore Litim mettent beaucoup d’elles-mêmes dans cet atelier : chaque livre utilise parfois plusieurs techniques, telle la plaque perdue, le camaïeu, la collagraphie ; il faut alors conseiller, former. Pour l’impression, la tâche se complique en raison des formats peu courants, des papiers précieux, de la composition des textes qui, bien évidemment, est souvent hors normes.

Les livres réalisés ont fait l’objet d’expositions au Musée et ont, chaque fois, provoqué l’admiration des visiteurs par la virtuosité des techniques employées, l’originalité de la création et bien, sûr, le talent des auteurs. « Ces livres sont un challenge pour les stagiaires, parfois en terme de sens et d’émotion, souligne Éléonore Litim. Chacun y met sa sensibilité, sa personnalité et toute son authenticité. »









De la gravure à la presse

Certains dimanches, Éléonore échange sa casquette de graveur contre celle de « pressier ». Vous la voyez alors actionner la presse métallique Gaveaux (1836), qui se trouve au deuxième étage des collections. La Gaveaux est fille des fameuses Stanhope en fonte qui, au début du XIXe siècle, ont remplacé dans les ateliers d’imprimeurs les presses à bras en bois héritées de Gutenberg. Des démonstrations un peu « sportives » puisque les différentes parties de cette presse en métal sont relativement difficiles à actionner du fait de leur poids.

Éléonore sera présente tout au long de l’année dans le cadre de ses ateliers et lors de ses démonstrations. Alors, ne manquez pas ce rendez-vous !