Innovations dans l'organisation
Se parler autrement, cela veut dire :
Être conscient des différences de langage entre des acteurs de métiers différents
« le vocabulaire, quand même, du milieu artistique est différent de celui du milieu de l'enseignement » (Artiste).
Informer l'autre de l'actualité de son métier
« Moi, maintenant, chaque fois que je fais un atelier, enfin que je présente mon travail, j'explique le statut qu'on a [en tant qu'artiste] ».
Accueillir les différents points de vue émanant de tous les acteurs de l'école
« C'est vrai que l'atelier c'est bien, c'est sympa, mais d'échanger aussi, c'est super. Enfin, je vois avec les enfants, avec les parents, avec les enseignants… d'avoir différents points de vue (…) Peut-être qu'en tant qu'artiste, on a tendance à se… euh, le mot va être [un peu fort]… à se fermer ou peut-être à voir que son monde. Et je trouve que ça permet d'ouvrir, d'essayer, d'essayer de comprendre les autres et de voir de quelle manière les autres peuvent percevoir les choses (…), accepter que quelquefois l'Atsem ait un autre point de vue et si dire "ah ben oui, non, peut-être, il peut être intéressant", mais au moins accepter d"écouter son point de vue ». (Artiste)
Disposer d'une fréquence de rencontres assez élevée
Dans l'une des écoles, l'arrivée d'un projet d'éducation artistique a généré l'instauration d'une réunion hebdomadaire, chaque mardi, à midi.
L'artiste : « on essayait de se dire, "bon ben, c'est ce point-là , on va le travailler un peu plus" ». Une enseignante explique que ces rencontres ont perduré, même une fois l'artiste arrivée au bout de son contrat : « Là , on se voit encore tous les mardi. Et tous les mardi, ben, soit on parle des difficultés que l'on a eues pour l'enseignement, soit des informations nouvelles qui arrivent pour que tout le monde soit au courant. Ça, c'est resté. Cet échange… alors je ne sais pas si… / je ne crois pas que ça se faisait avant, avant le projet, je ne crois pas. Donc, voilà , [ça permet] peut-être une meilleure cohésion ». Une enseignante de la même école indique l'importance de la régularité : « De toute façon, à partir du moment où on ne travaille plus seule dans sa classe, à partir du moment où quelqu'un d'autre apporte quelque chose, on est obligé de rebondir là -dessus (…). Je pense qu'on doit se voir au moins une fois par mois. Que ce soit échange par mail, que ce soit [par d'autres moyens] ». Cela a pu aller, pour ces enseignantes et l'artiste, jusqu'à la rencontre hors cadre professionnel.
Dans une autre école, une Atsem parle de cette régularité, combinée à une manière de se parler autrement, voire simplement : « Moi, quand je suis avec [l'artiste], au début, on a laissé faire parce que je savais pas (…) où était notre place, parce que c'est elle qui dirige. (…) Et moi, j'ai laissé faire, et ensuite, grâce à ce [que l'artiste] a mis en place, elle prend un petit moment, je crois que c'est une fois par mois, un petit moment où elle parle avec chaque adulte, soit l'enseignante ou l'Atsem,… elle nous demande ce qu'on aime dans la vie, comment on pense être avec le groupe, et grâce à ça, eh ben, elle nous implique davantage. »
Dans une autre école, une Atsem évoque les temps d'échanges autour du projet, qui se passent le plus souvent après une séance d'atelier et lors d'une réunion mensuelle fixée en fin de journée : « [Moi et l'enseignante, à l'issue de l'atelier,] on discute de ce qu'on a fait ou comment ont réagi les enfants, ce qui s'est passé… Après, on fait une réunion, en gros, une fois par mois avec tous les enseignants et les Atsem et [l'artiste]. (…) On le fait le soir. Les enseignants restent et puis nous, on est là . Ça dure une heure parce que c'est régulier. [L'artiste], il est bien présent dans l'école, ce qui fait qu'on le voit tout le temps. Quand il a quelque chose à venir nous dire, il vient nous le dire ou… on n'attend pas qu'il y ait le mois d'après. Et c'est pareil pour nous, si on veut lui dire quelque chose, on l'interpelle. »
Disposer de lieux de rencontres suffisamment longs
Le stage de trois semaines organisé à l'automne et qui a regroupé, jusqu'en 2008, artistes, Atsem et enseignants, a aussi constitué une ressource dans cette démarche de réajustement. Si des personnes de toutes les catégories professionnelles ont reconnu cette importance, les témoignages les plus denses proviennent d'Atsem.