Logo pour impression École maternelle du Chapeau Rouge (2014)

École maternelle du Chapeau Rouge (2014)

chaussée de la voie antique dite
« du Rhin et de l’Océan »

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Période(s) d'occupation : Antiquité, Moyen Âge, Moderne, Contemporain

Adresse : 14 bd Saint-Exupéry, 69009 Lyon

Opération : fouille archéologique préventive

Dates de l'opération : décembre 2014

Opérateur : SAVL

Aménageur : Ville de Lyon


L’extension du réfectoire de l’école maternelle de la rue du Chapeau Rouge, celle-là même dont la construction avait donné lieu à deux campagnes de fouille préalables en 1999-2000, a permis de confirmer la présence d’un élément de voirie antique et de compléter les connaissances sur l’occupation funéraire médiévale.

En effet, les opérations précédentes avaient mis en évidence l’exploitation d’une carrière de gneiss autour de l’ère, puis un atelier de potier actif entre le Ier et le IIe s., ainsi que l’installation d’un mausolée et d’un ensemble funéraire entre le Ier et le IIIe s. Après un hiatus de deux siècles environ, ce même espace était investi par des sépultures médiévales dont le terminus ante quem se situait autour du VIIIe s., à l’instar de diverses constructions mises au jour à l’état fragmentaire. En outre, les archéologues avaient repéré la présence d’une chaussée bordée par un trottoir le long de l’enclos cernant le mausolée. Malheureusement, les conditions de fouille n’avaient pas permis l’étude approfondie de cet élément viaire, en dépit des problématiques majeures liées aux réseaux routiers antiques de Lugdunum et de ses suburbia.

La plaine de Vaise, sise au nord de la cité, le long de la rive gauche de la Saône, est censée être desservie par la voie dite de l’Océan et du Rhin, partie prenante de la planification viaire d’Agrippa à la fin du premier siècle avant notre ère. Des tronçons de chaussée avaient déjà été mis au jour au sud et au nord du site, à l’instar d’ensembles funéraires se développant de façon linéaire en bordure de ces axes de circulation.
sépultures primaires à inhumations,
VIIe - VIIIe s.

La fouille du printemps 2013 a confirmé la présence d’une chaussée du Ier siècle de notre ère construite en galets damés, aux petits modules décimétriques choisis, installés sur une alternance de colluvions stériles ou anthropisées dévalant le versant du plateau de Loyasse sis aux abords immédiats du site à l’est. Deux états ont pu être dissociés : le premier correspond à la surface de circulation de petits galets datée du second tiers du Ier s.-début IIe s., le second intervient entre la seconde moitié du IIe s. et le début du IIIe s. après une phase de colluvionnement. Plusieurs recharges hétérogènes, fines ou grossières, viennent exhausser ou réparer la chaussée ; les matériaux majoritaires sont le gneiss, socle géologique et exploité in situ dès la fin du Ier s. avant notre ère, sous forme d’éclats ou de petits blocs. La part belle est aussi faite aux galets ; quelques éléments de TCA et quelques blocs sculptés ou de taille en calcaire tendre du Midi ou de Seyssel ont été réemployés dans les niveaux les plus récents.

La deuxième phase du site correspond à deux creusements linéaires successifs sur la bordure occidentale du chantier, plus ou mois parallèles à l’axe de la voie alors envahie par les colluvions (litages plus ou moins grossiers de sables, cailloux, et mobilier antique résiduel).
La datation céramique attribue cette phase au haut Moyen Age, entre le VIIe et le VIIIe s. A l’est, un muret de pierres sèches, repéré en coupe, semble retenir les apports de versant. Entre ces deux entités linéaires nord-sud, il semblerait que la voie antique soit toujours fréquentée, mais selon une emprise atrophiée, et rechargée jusqu’à un ultime état de fonctionnement caractérisé par une surface sablo-limoneuse et très caillouteuse. S’ensuit, à partir de cet horizon, l’installation de neuf sépultures individuelles à inhumation datées par radiocarbone du IXe s. Leur alignement nord-sud, selon deux rangées séparées par un espace vide longiligne reprenant l’orientation de la voie, vient renforcer l’hypothèse selon laquelle cette dernière perdure à l’état de sente ou de chemin durant le haut Moyen Age, structurant toujours le paysage.

Les niveaux récents scellant cette ultime occupation ancienne datent essentiellement du XIXe s. et se caractérisent par quelques constructions maçonnées erratiques attribuables aux bâtiments visibles sur le cadastre napoléonien de 1828 ou encore sur le plan général de la Ville de Lyon établi en 1914. Notons que la faible surface du projet (100m2) et sa profondeur limitée (les excavations archéologiques étaient prévues jusqu’à 1,30m) laissent supposer la présence d’autres vestiges contigus ou plus profondément enfouis.

Dernière modification : 13/07/2016 12:44