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11 - 17 rue des Tanneurs


Adresse : 11 - 17 rue des Tanneurs, 69009 Lyon

Période(s) d'occupation : Antiquité, Période Moderne

Opération : diagnostic archéologique

Dates de l'opération : mars 2015

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon

Aménageur : SCI Noaho Résidences


Trois sondages préalables à la construction d’un immeuble d’habitation et de commerces ont été réalisés dans les parcelles situées aux 11-17 rue des tanneurs, séparées par l’impasse des Tanneurs. Le premier sondage au nord a permis de mettre au jour un ensemble de murs appareillés de la période moderne, ainsi qu’un espace de voierie antique en galets, aménagé sur un système d’assainissement en gros galets. Le second, situé plus au sud, implanté entre deux murs modernes, a mis en évidence une séquence stratigraphique antique différente, caractérisée par plusieurs niveaux d’occupation successifs (gneiss concassé, terre battue), compris entre 15 avant notre ère jusqu’à 50 après notre ère. Le troisième sondage enfin a permis de constater la bonne conservation des vestiges modernes, avec la mise au jour d’une structure à probable vocation artisanale au sud (bassin et canalisation).

Concernant l’Antiquité, les éléments de datation ont été fournis essentiellement par le sondage 2. La séquence stratigraphique et le mobilier céramique mettent en évidence un premier niveau d’anthropisation, sans structure ni niveau de circulation associé, daté avec un TPQ de 15 avant notre ère.

Ensuite intervient une seconde phase datée de la période augustéenne, plus précisément, sous réserve de confirmation, du tout début de notre ère. Cette période est caractérisée par deux niveaux d’occupation, sous la forme de sols de terre battue, sans maçonnerie associée. Le site a vraisemblablement connu un ou plusieurs épisodes d’inondation au cours de cette période. A l’époque tibérienne, l’occupation est représentée par deux niveaux successifs compacts d’éclats de gneiss concassé, qui correspondent soit à des axes de voierie, soit à des espaces d’occupation type cour ou zone artisanale. L’abondance de scories métalliques dans le sondage 2 fait émerger l’hypothèse d’un secteur artisanal sur l’emprise du site ou à immédiate proximité. Une telle occupation a été mise en évidence place Valmy.

 
Bassin de préparation du jus de tannée
Sources : encyclopédie Diderot et d’Alembert, 1771

L’interprétation de ces niveaux de circulation qui ont pu être observés reste problématique. Doublement problématique, car à l’image de ce que laisse entrevoir le tableau synthétique des découvertes des niveaux de voierie à Vaise, les observations faites dans ce diagnostic montrent de la même façon une variété de faciès (galets ou éclats de gneiss) qui rend d’autant plus curieuse l’hypothèse d’une seule et même voie dans les sondages 1 et 2 ; en outre, l’absence de limite avérée dans l’emprise des sondages n’a pas permis de mettre en évidence un axe de circulation ou un tracé précis. On peut poser simplement l’hypothèse de deux axes en connexion, l’un nord-sud en galets qui correspondrait à la voie du Rhin et de l’Océan, l’autre est-ouest qui en constituerait un axe secondaire. On serait ainsi en présence de la réplique du schéma qui avait été observé dans la fouille liée à l’aménagement de la ZAC Charavay. On peut espérer cependant qu’une fouille exhaustive des parcelles résoudra cette question.

L’omniprésence de l’utilisation du gneiss sous forme de concassé, comme matériau de remblai, d’assainissement, de préparation, de nivellement ou de circulation sur l’ensemble de la plaine au cours de l’occupation rend d’autant plus malaisée l’interprétation.

La mise en place du dernier remblai antique, constitué d’éclats de gneiss dans une matrice argilo-limoneuse plutôt meuble, est datée à partir de 50 de notre ère. Cette séquence chronologique se rapproche, assez logiquement, de celles mises en évidence place Valmy au nord et ZAC Charavay au sud. La séquence antique s’arrête à ce dernier niveau de remblai.

Les données des occupations alentours laissent penser que la partie supérieure de l’occupation galloromaine, qui se poursuit au moins jusqu’à l’antiquité tardive, ainsi que les occupations médiévales, ont été arasées par les installations de l’époque moderne.

En effet, des vestiges de cette période ont été mis en évidence dans les trois sondages. Dans le sondage 3 notamment, une structure probablement à vocation artisanale a été mise au jour. Une étude exhaustive d’archives permettrait de caractériser ces occupations modernes, plus particulièrement des installations éventuelles liées à une tannerie, à remettre en perspective avec le tracé des cours d’eau, ruisseau de Charavay et ruisseau de Gorge de Loup.