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21 rue Joannès Carret, 46 quai Paul Sédallian


Adresse :
21 rue Joannès Carret, 46 quai Paul Sédallian, 69002 Lyon

Période(s) d'occupation : Préhistoire, Protohistoire, Antiquité

Opération : diagnostic d'archéologie préventive

Dates de l'opération : mai - juin 2016

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon

Aménageur : SERL


Le diagnostic archéologique de la ZAC Vaise Industrie Nord, tranche3, présente un bilan contrasté en fonction des deux îlots sondés.

Îlot 7

Les cinq sondages implantés sur l’emprise de l’îlot 7 ont permis la mise au jour d’un unique vestige. Il s’agit d’un lambeau de mur constitué de gros galets et de bloc de gneiss. Son attribution chronologique reste difficile à déterminer entre l’Antiquité et le Bas Moyen Âge. Un horizon anthropisé pré/protohistorique apparaît dans 3 des 5 sondages dans lequel près de 150 tessons hétérogènes ont été récoltés, parmi lesquels de rares formes renvoient à une chronologie comprise entre le Néolithique Moyen Bourguignon, le Bronze Final et le début du 1er âge du Fer. L’altitude de ces couches fait apparaître un double pendage ouest/est et nord/sud de cet horizon. Il reste difficile de déterminer la nature du phénomène archéologique auquel renvoie ce mobilier : érosion de sites in situ, apport de matériel par les colluvionnements suite à l’érosion de sites localisés plus en amont.

Îlot 4

Préhistoire

Le bilan des investigations effectuées sur l’îlot 4 est, quant à lui, largement positif. Une occupation préhistorique est présente dans les sondages n°6, n°9, n°10 et n°11, situés dans la partie ouest et nord-ouest de l’emprise. Elle se caractérise par la présence d’un niveau argileux de 20 à 40 cm d’épaisseur selon les sondages, livrant un abondant mobilier lithique associé à des charbons de bois, des ossements brulés et des galets thermofractés. Il s’agit sans doute d’une occupation discontinue associant des zones de vide (sondage 9 ou sondage 11) et des zones plus denses en mobilier (sondage 6 ou extrémité est du sondage 11). L’étude du mobilier lithique fait apparaître deux états d’occupation au sein de l’horizon préhistorique, au Mésolithique moyen et au Mésolithique final. L’abondance des esquilles de silex recueillies, dans le sondage 6 notamment, permet de confirmer la bonne conservation du site et l’existence d’activités de débitage in situ. En outre, les trois datations C14 obtenues sur les charbons de bois confirment une chronologie récente du Mésolithique : 6612/6461 av. J.-C., 5899/5733 av. J.-C. et 5383/5220 av. J.-C.


Protohistoire

Un colluvionnement plus ou moins épais selon les sondages contient du mobilier céramique attribuable principalement au Néolithique moyen bourguignon. Mais, la rareté des formes identifiables et les nombreuses panses ne permettent pas d’exclure une chronologie plus large s’étendant jusqu’au Bronze ancien. Si cette céramique ne permet pas d’attester l’occupation pérenne de la parcelle, elle témoigne néanmoins de sa fréquentation ou d’une occupation située en périphérie.

Trois sondages (n°7, n°8 et n° 11) ont permis de révéler la présence d‘une occupation de bord de Saône au Hallstatt D3 – La Tène A. Deux strates pourraient évoquer une berge protohistorique de la Saône. Une trentaine de mètres plus au nord, le sondage 8 a permis la mise au jour d’une importante fosse riche en rejets domestiques et artisanaux. Le diamètre envisageable pour cette structure (> à 10 m) et sa profondeur (près de 1,80 m) permettent très probablement d’identifier une fosse d’extraction d’argile ayant servi de dépotoir en dernier lieu. Celle-ci est liée à un niveau de sol où sont installés un petit foyer et un hypothétique trou de poteau. Parmi l’abondant mobilier prélevé, plusieurs objets témoignent d’activités métallurgiques (alliages cuivreux et fer), du travail de la corne et du textile, ou encore d’un artisanat potier. De nombreuses céramiques importées attestent d’un commerce soutenu avec le domaine méditerranéen (amphores massaliètes, étrusques et grecques ; céramique grise monochrome ; céramique claire et claire peinte). Enfin, deux fosses indéterminées et un niveau d’occupation rattachés à cette occupation sont présents dans le sondage 10. Jusqu’à présent, la majorité des sites du Ha D3 et de La Tène A se concentrait dans la partie sud de la plaine où l’on peut restituer une importante agglomération de plus de 70 ha. Ce diagnostic apporte un nouveau point de découverte qui confirme une extension de l’occupation dans la partie nord de la plaine, rarement mise en évidence. L’abondance du mobilier rejeté pourrait d’ailleurs témoigner d’une forte densité d’occupation, abritant les mêmes types d’activités déjà identifiées au sud de la plaine.

Antiquité

Les vestiges antiques des IIème et IIIème siècles, présents sur l’emprise de l’îlot 4, évoquent une occupation à caractère rural. Un unique tesson présent dans un colluvionnement peut indiquer une occupation de la parcelle jusqu’au IVème siècle. Dans le sondage 7, un mur et quatre foyers non construits demeurent difficiles à interpréter : mur délimitant une parcelle (une propriété) et foyers domestiques ou artisanaux ? Dans le sondage 8, plusieurs tranchées/fossés plus ou moins parallèles peuvent être liés à des travaux de drainage du terrain. Cependant, le fossé et les tranchées semblent délimiter un espace artisanal du IIIème siècle se développant au nord-est. En effet, une strate très charbonneuse, qui s’étend à l’est du fossé et le comble partiellement, contient de nombreuses scories et atteste d’une intense activité métallurgique dans le secteur. Enfin, une inhumation, recoupant le comblement du fossé et une couche d’abandon, est datée entre 250 et 400 apr. J.-C.

Aménagements contemporains

Une épaisse couche de limon argileux, hétérogène et marbrée, constitue un remblaiement sans doute lié aux terrassements effectués dans le secteur lors de la construction de la voie ferrée au milieu du XIXème siècle. Le plan topographique de la ville de Lyon de 1848-1852 fait d’ailleurs apparaître le tracé de la voie en construction et présente une topographie qui parait moins plane qu’aujourd’hui, notamment à l’emplacement de l’îlot 7.

À l’exception des onze sondages réalisés, l’intégralité de la stratigraphie est conservée sur l’ensemble des parcelles. Il faut toutefois indiquer des perturbations contemporaines engendrées par les installations des XIXème et XXème siècles, comportant des caves dont l’extension exacte n’est pas connue, notamment sur l’îlot 7.