Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon
L’opération de surveillance réalisée sur la place Saint–Nizier, rue Paul Chenavard, rue de la Fromagerie et dans la rue de Brest, présente un bilan mitigé, qui tient principalement à la faiblesse des superficies ouvertes et des profondeurs atteintes. Un certain nombre de sondages se sont avérés totalement négatifs, bien que d’autres aient fait apparaître des maçonneries, vestiges des bâtiments disparus lors des réformes urbaines successives qui ont touché le quartier (1563, 1834 ou 1846). On citera par exemple les restes des deux bâtiments de la paneterie ou de la maison ronde, tous présents sur le plan scénographique (XVIe siècle) à l’emplacement de l’actuelle place Saint-Nizier. À ces édifices disparus, il faut adjoindre les restes d’un soubassement subcirculaire destiné à supporter la rotonde en façade de l’église de Saint-Nizier. Bien que la rotonde n’ait, a priori, jamais été édifiée, sa base semble avoir été mise en place et maintenue un temps (selon l’iconographie). Cette base paraît même avoir servi de parvis à l’église.
En ce qui concerne les périodes plus anciennes, elles ont livré des vestiges parfois ténus, voire difficilement interprétables ou caractérisables, faute d’accès aux sondages profonds. Ainsi, l’occupation antique n’a pas été caractérisée, bien que les vestiges de cette époque demeurent bien présents dans cette partie de la presqu’île (vers 166,50 m NGF). Le phénomène n’est pas nouveau et avait déjà été mis en évidence par les opérations antérieures situées plus à l’ouest Place d’Albon (Bertrand, 2010b) et sur les quais de Saône (Bernot, à paraître). En matière de vestiges du haut Moyen Âge, aucune structure ou fossile directeur n’a été mis en évidence, malgré la présence d’un second état de construction (non daté) sur un mur antique. La principale découverte réalisée durant cette opération, reste le sous-sol sépulcral, daté par radiocarbone effectué sur des fragments de squelette humain, des XII-XIIIe s. Cet horizon sépulcral est présent au sud-est de la place Saint-Nizier, le long de la façade de l’Église (où il a été daté par des vestiges céramiques) et du mur nord de l’église (rue de la Fromagerie). Il s’agit de niveaux d’inhumations successifs très denses appartenant, pour tout ou partie, au cimetière de l’église paroissiale avant sa reconstruction au XVe s. et l’aménagement de ce même espace en place, telle que nous la connaissons sur le plan scénographique du milieu du XVIe s. Les creusements successifs liés à l’exploitation de ce cimetière et à l’urbanisation ultérieure évoquée précédemment ont lourdement et profondément perturbé le sous-sol. Ils ont pu participer à l’effacement des vestiges antérieurs, d’autant plus si ces derniers étaient fragiles ; pour autant, l’absence de mobilier résiduel daté du haut Moyen Âge, fait déjà observé sur le site voisin de la place d’Albon, et plus généralement à Lyon, demeure problématique.