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Détournements

Une classe entière de moyenne section participe à une séance de danse, en présence de trois adultes : l'enseignante, l'Atsem et la chorégraphe. Celle-ci dirige les opérations et propose une danse en forme d'« histoire ». Elle n'en dévoilera la structure qu'après : « Je fais la danse, vous me suivez, et après je vous raconte l'histoire de cette danse. D'accord ? »

Après une première danse, à laquelle participent tous les acteurs, enseignante et Atsem comprises, la chorégraphe s'assoit et lance une question : « Alors, de quoi ça parle, cette danse ? ». Une élève dit le mot : « construire ». Puis la chorégraphe interpelle 4 enfants de sexe masculin qui se tiennent un peu trop loin, au-delà de l'espace-danse dessiné au sol (un rectangle délimité avec de l'adhésif) : « Les garçons ! Venez par là ! ».


Petit à petit, apparaît la structure de cette Danse de l'hiver, titre donné par la chorégraphe à cette musique classique jouée par un orchestre symphonique. Six phases la composent :

  • 1. On se tient debout, bras en l'air étendus, mains ouvertes : le corps est un arbre. Il neige.
  • 2. Les mains « descendent avec des petits gestes » : « c'est tous les petits flocons de neige ».
  • 3. Le corps devient neige lourde, descend et s'étale au sol.
  • 4. Le corps au sol, ramasse la neige, avec les mains, puis les pieds, et « on construit ». Dans cette première version codée, elle avait choisi de représenter un bonhomme de neige. Mais chaque danseur a le choix de sa forme, « chacun va construire ce qu'il a envie ».
  • 5. Une fois que la forme a été construite, le corps se lève et se met dans une position qui représente la même forme.
  • 6. Le soleil arrive, la neige fond, le corps descend à nouveau et devient une flaque d'eau.
Une fois la structure expliquée, tout le monde la refait. Puis une nouvelle fois, avec un demi-groupe appelé « les danseurs », tandis que l'autre demi-groupe devient « les spectateurs ». Une consigne accompagne cette nouvelle modalité : « chaque spectateur regarde un danseur, sans dire lequel. Chacun a son secret  ». L'objectif est de faire discourir les enfants sur les gestes faits, ce qu'ils représentent. Enfin, les demi-groupes s'inversent, on refait la danse une dernière fois.


La séquence filmée qui suit est extraite de cette dernière phase. Dans la première partie de la vidéo, la chorégraphe demande aux enfants de se mettre en place. Elle interpelle l'un d'eux : « Paul, il me semble que ta place est là ». L'enfant se déplace, se place légèrement à l'extérieur du cadre, avant d'y entrer quelques secondes après. La chorégraphe lance la danse : « On se met en arbre ?… ». La seconde partie de la vidéo s'attarde sur ce même enfant, qui détourne le contenu de la danse : le thème de la nourriture a remplacé celui de la neige. Jouée avec un peu d'ironie, le forme dansée suit en grande partie la structure proposée, et l'enfant garde un œil sur les propos de la chorégraphe au moment où on change de phase. Le final est toutefois modifié : l'enfant n'entre pas dans la phase 5 (le corps qui se relève), il reste au sol et se love sur lui-même.

Nous accréditerons l'idée d'un détournement productif, car le jeu avec le thème et la structure n'entache pas le fait qu'il y a bien danse. Les formes proposées par l'enfant sont acceptables dans l'éventail de formes très ouvert de la danse contemporaine : chaque geste est susceptible de faire sens (y compris l'immobilité) et on croise volontiers la danse «  proprement dite » avec le mime et la théâtralisation.

Voyons cette séquence filmée (détaillée en vignettes à la suite).

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Détournement



L'enfant se place hors du cadre.
Détournement



Il revient dans le cadre.
Détournements

Pendant que la chorégraphe dit : « On s'é-taaaale sur le dos », l'enfant, assis en tailleur et regard rivé sur la chorégraphe, tourne sa main droite comme s'il mélangeait quelque chose dans une casserole. La chorégraphe continue d'énoncer l'enchaînement des gestes : « On est encore en train de s'étaler… on s'étale sur le dos… sur le ventre… »
Détourn4


L'enfant, qui ne quitte pas des yeux la chorégraphe, s'allonge sur le ventre et entame la phase 4 avant même qu'elle l'énonce : « … et on rrramasse… »
Détourn5


L'enfant réintroduit le thème de la nourriture : il ne ramasse pas pour construire une forme (sinon celle que prendra son corps en mangeant…).
Détourn6

L'enfant a suivi un moment cette consigne énoncée par la chorégraphe : «  on ramasse avec ses mains, avec son ventre, avec son dos, on ramasse avec tout son corps ». Il s'apprête à se relever tandis que la chorégraphe dit : « Et quand on a fait un grand tas, on construit »


Détournement


Finalement, il se ravise et s'apprête à se blottir au sol.
Détourn9

Tout en étant recroquevillé sur lui-même, il se tourne vers la chorégraphe qui dit : « Et quand on a fini de construire, on prend la même forme… et on bouge plus… la même forme que ce qu'on a construit ».






Toujours attentif à ce que dit la chorégraphe (« on devient tout dur… et dès que le soleil arrive, on commence à fondre »), son corps s'étale comme une flaque d'eau. Malgré les décalages qu'il a effectués tout au long de la séquence, il rejoint l'ensemble du groupe.