Ainsi, le cœur de la collection est-il constitué d'œuvres qui déplacent les catégories, interrogent les dimensions du langage, peuvent ressortir de la musique ou de la danse pour ce qu'elles travaillent de la relation du spectateur à l'objet artistique sous toutes ses formes. Si l'esprit Fluxus, ou ses incidences, anime les œuvres de la collection y compris celles d'artistes qui ne participèrent pas au mouvement, c'est que celui-ci semble être à l'origine de bon nombre des changements opérés à partir des années cinquante. L'actualité de ses formes et modes opératoires se traduit aujourd'hui dans l'émergence de nouvelles formes : musique électronique, nouvelles technologies, travail en réseau… Outre le déplacement des catégories artistiques propre aux artistes tels que Maciunas, Brecht, Paik, Filliou, tendant à rendre ténue la frontière entre l'art et la vie, les tentatives de faire émerger une temporalité différente irriguent bon nombre des œuvres de la collection.
Pour la plupart, celles-ci éprouvent les limites de l'œuvre en défaisant les conventions de spatialité (Robert Morris, Robert Irwin), de temporalité (La Monte Young, Terry Riley), de matérialité (Maria Nordman), de visibilité (James Turrell) et de possibilité d'énonciation de celle-ci (Dennis Oppenheim). C'est ainsi que, sans systématisme, la collection possède des exemples remarquables de l'Art conceptuel (Joseph Kosuth, Lawrence Weiner, Robert Barry, Douglas Huebler) et de l'Arte Povera (Mario Merz, Luciano Fabro, Giovanni Anselmo), intègre des formes post-conceptuelles (John Baldessari) et post-minimales (Sol Lewitt, Dan Flavin), s'ouvre sur des pratiques nouvelles d'immersion dans l'image vidéo (Bill Viola) et d'interactivité avec l'image numérique (Christa Sommerer et Laurent Mignonneau), étend son investigation aux arts du temps, musique et danse, quand ils frisent avec les arts plastiques, notamment au travers de la performance (Dumb Type, Jan Fabre).