Le tunnel de la Croix-Rousse est imaginé dès 1845, il s’agit alors d’un projet de tunnel ferroviaire. Il faudra pourtant attendre les années 1930 pour que le projet prenne véritablement forme.
En 1930 un premier projet est soumis par Camille Chalumeau, ingénieur en chef de la Ville de Lyon, à Edouard Herriot, alors maire de la ville, qui ne donne pas suite. Il faut attendre 1937 et le projet de Lucien Chadenson, ingénieur de la Ville, et de M. Thiollère, ingénieur des Ponts et Chaussées. Rapidement adopté, il est mis en adjudication au début de l’année 1939 et l’entreprise Borie commence aussitôt l’installation du chantier.
Clichés Gilles Bernasconi
Pourquoi ce projet ?
Douze routes nationales aboutissent à Lyon alors véritable plaque tournante du Sud-est. Toutes se rejoignent dans le petit intervalle compris entre la place Bellecour et la place des Terreaux en raison de la topographie de la ville, les collines de Fourvière et de la Croix Rousse constituant des obstacles.
Avec l’augmentation du trafic automobile des embouteillages continuels se forment en centre-ville, il faut donc trouver une solution.
On décide alors de relier le boulevard de ceinture préexistant à une autoroute située sur l’emplacement des bas-ports inoccupés et de joindre cette boucle au faisceau des routes nationales venant de Paris et de Bordeaux. Pour se faire il faut imaginer un tunnel qui passerait sous la colline de la Croix-Rousse.
La réalisation
Pour être réalisé, ce tunnel, situé à 80 mètres de profondeur, a vu se déployer des moyens considérables. Plus de 125 000 Kilos d’explosifs ont été nécessaires ainsi que 15 000 m3 de bois et 15 000 tonnes de ciment. Le gros œuvre, réalisé entre 1940 et 1948, a nécessité un effectif moyen de 300 ouvriers. La question de l’évacuation des déblais, environ 400 000 m3 au total, s’est posé rapidement. Matériaux de grande valeur, une bonne partie a été utilisée pour l’empierrement de l’avenue Jean Mermoz ou encore dans le port Edouard Herriot.
Le tunnel percé, les aménagements ont commencé : forage des puits de ventilation de 1949 à 1952 puis équipement du tunnel : aménagement des galeries de ventilation, pose du revêtement intérieur puis mise en place de l’éclairage, de la signalisation, des systèmes de sécurité…
Durant la période 1950-1951, l’église Saint-Charles qui se trouvait à la future entrée côté Saône, fut démolie puis reconstruite un peu plus loin.
Au final, il s’agit d’un édifice d’environ 1750 mètres de long pour 14,60 mètres de large avec deux files doubles de circulation et un débit maximum de 4000 véhicules par heure.
Treize années auront séparé la mise en chantier de l’ouverture effective du tunnel qui est inauguré par Edouard Herriot le 19 avril 1952.
Huit jours après sa mise en service, sous l’effet combiné de la Foire de Lyon et de la curiosité des automobilistes, il est éprouvé par une circulation de 3800 véhicule en 1 heure.