« … Un ensemble balnéaire, […] tels que les Lyonnais n’auraient jamais osé rêver… » de 50 ans !
C’est en ces termes que le journal « Le Progrès » annonce le 26 mars 1959 à ses lecteurs que Louis Pradel, maire de Lyon, a demandé des études d’installation d’une piscine sur les bords du Rhône.
Cette demande fait suite à la décision prise par le préfet du Rhône d’interdire les baignades dans le fleuve sur toute la traversée de Lyon, en dehors d’espaces aménagés. Cette idée n’est pas nouvelle, puisque le premier projet de construction d´un centre nautique situé sur les bas-ports date de 1932. Il était porté par l’Union générale de la Mutualité du Rhône.
En 1959-1960, c’est l’architecte Alexandre Audouze-Tabourin qui est chargé de cette étude. Rapidement, le site situé entre les ponts de la Guillotière et de l’Université est retenu. C’est par une délibération du Conseil municipal du 22 février 1960 qu’est approuvé l’avant projet de construction d’un centre nautique sur le bas-port du Rhône.
Le centre nautique se veut d’une ampleur et d’une importance jamais vue !
Il comprend : - un bassin de baignade de 60 m sur 22m, de 0,60 à 1,20 m de profondeur - une pataugeoire enfants en forme de trèfle à 3 compartiments avec un pédiluve sur le pourtour - un basin de compétition de 50 m sur 20 m et de 2,40 m à 3m de profondeur - une fosse à plongeons de 14 m sur 14 m et de 4,5 m de profondeur
Une vaste plage doit entourer les bassins, surélevés en moyenne de 1 m au dessus du bas-port ; des gradins et des « solaria » doivent prendre appui sur le mur de soutènement du quai. Un bâtiment d’exploitation à l’architecture avant-gardiste doit aussi sortir de terre avec un hall d’entrée, des locaux administratifs, une infirmerie, des cabines à change et 3200 casiers prévus. L’ensemble est conçu comme un immense navire amarré à quai avec, dans ses cales, une énorme machinerie complexe, capable de fabriquer de l’eau chaude pour les bassins et de filtrer l’eau.
Le chantier de construction débute le 21 novembre 1961.
Construit sur le bas-port, le projet a nécessité d’importantes études préliminaires, notamment des sondages, afin de s’assurer de la stabilité du sous-sol et de résoudre les difficultés liées aux crues du Rhône, d’autant plus que toutes les installations de filtrage et de chauffage étaient prévues en sous-sol, pour des raisons esthétiques. La pataugeoire est le 1er équipement qui est mis en eau, en janvier 1963.
Le premier des 4 pylônes d’éclairage est installé en février 1964. Louis Pradel et Alexandre Audouze-Tabourin assistent à l’opération. Chaque pylône mesure 30 m de haut pour 20 tonnes et supporte en sa hauteur une construction circulaire de 12 m de diamètre contenant 73 projecteurs. Leur capacité d’éclairage est de 600 lux afin de mettre en valeur le carrelage « bleu mers du sud » des plages entourant les bassins. Très vite, leur installation suscite une large controverse dans le public. Pour autant, ils sont maintenus et continuent de participer de l’identité visuelle des quais du Rhône.
En raison du gel, le chantier connaît quelques retards. Le centre nautique est finalement inauguré le 26 mai 1965 : les meilleurs nageurs du Lyonnais testèrent le bassin de compétition. Cet équipement gigantesque, tant sur le plan spatial qu’architectural et technique, suscite l’admiration. Première piscine olympique de France, ce centre nautique est un complexe de référence européen. Il figure dans le dossier de candidature de Lyon pour les Jeux Olympiques de 1968.
Mais le fait que les bassins soient découverts entraîne de trop courtes périodes d’utilisation, pour une exploitation et un entretien qui se révèle vite être très conséquent. Il va s’en suivre une série de projets qui n’aboutissent pas : en 1983, un projet de couverture du bassin olympique ; dans les années 1990, différents projets autour des 4 pylônes : destruction, végétalisation…
Finalement, c’est au début des années 2010 que la décision de réhabiliter le centre nautique du Rhône est prise. Le détail des travaux peut être consulté sur le site internet de la Ville de Lyon.