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Le Palais de la Mutualité

 

Situé place Antonin Jutard, le bâtiment bien reconnaissable à son campanile, a été édifié au début du 20e siècle sur l’ancienne place de la Victoire, pour abriter les nombreuses sociétés lyonnaises de secours mutuels. 

Fidèle à ses origines, il est, aujourd’hui, le siège de la mutualité française du Rhône ; la salle des fêtes a été transformée en une salle de spectacle de 400 places qui propose un programme varié.
 

Un espace de solidarité et de convivialité

Les sociétés de secours mutuels se sont développées très tôt à Lyon au tout début du 19e siècle, dans une ville manufacturière où la solidarité ouvrière est vivace.
A l’origine, celles-ci assurent la défense du monde du travail et la prise en charge des besoins sociaux ; sous la coupe des notables locaux depuis leur réorganisation en 1852, elles abandonnent les revendications ouvrières au syndicalisme naissant pour se spécialiser dans la prévoyance, l’assurance maladie et les retraites.
A Lyon, elles ont joué un rôle important dans les révoltes des canuts mais elles se caractérisent surtout par le nombre de leurs adhérents, bien plus élevé que sur le reste du territoire. C’est ainsi que le premier congrès national des sociétés de secours mutuels est organisé à Lyon en 1883.

La loi du 1er avril 1898 confère à la mutualité un véritable statut. Elle lui ouvre tous les champs d’activité de la protection sociale : assurance-vie, assurance invalidité, retraites, oeuvres sanitaires et sociales (dispensaire, pharmacie), allocations chômage. La législation dans ce domaine est complétée par la loi de 1910 sur les retraites ouvrières et paysannes et ensuite après la première guerre mondiale. Elle permet la création de l’Union mutualiste du Rhône en 1902.

Les services de la mutualité lyonnaise se diversifient avec le concours financier de la Ville : deux pharmacies mutualistes en 1902 rue de l’Hôtel de Ville et en 1903 rue Vendôme, la Mutualité maternelle destinée à combattre la mortalité infantile en 1903 ainsi que « l’union des femmes lyonnaises » 372ème société de secours mutuels. Un journal "Le mutualiste lyonnais" est diffusé à grande échelle depuis 1895.

En 1905, la mutualité lyonnaise représente 285 sociétés en activité, regroupant plus de 50 000 personnes (plus de 10% de la population) : 41468 hommes et 10722 femmes. Ces très nombreuses sociétés se réunissent souvent dans les arrière-salles des cafés lyonnais. Le maire Edouard Herriot décide alors la construction d’un bâtiment spécifique pour les loger.

 

« Une ruche pour les abeilles »

La pose de la première pierre du palais de la Mutualité par le maire Edouard Herriot en 1910 marque les engagements communs de la municipalité, de l’Etat et du mouvement mutualiste.
Il s’agit pour le maire de « porter secours aux abeilles en les aidant à se construire une ruche ».
Avec l’école et le syndicalisme, la mutualité est un lieu de formation aux valeurs pratiques et civiques, un lieu de construction de la solidarité.

Initialement dénommé «Hôtel municipal de la prévoyance, de l’assistance et de l’hygiène», il abrite aussi des services municipaux comme l’office municipal du travail, mais aussi la mutualité maternelle et infantile, un dispensaire, les secours pour accidentés du travail, au rez-de-chaussée. Les 3 étages sont presque identiques avec des salles de réunion et des espaces pour les sociétés de secours mutuels, dont de vastes armoires pour conserver leurs archives. Une grande salle de fêtes et une bibliothèque complètent l’ensemble.

Ce sont les architectes François Clermont et Eugène Riboud qui sont les maîtres d’œuvre et dessinent les plans de ce bâtiment en béton armé. François Clermont se retrouve rapidement seul du fait du décès d’Eugène Riboud. 
La pose de la première pierre prévue en juillet 1910 est perturbée par la grève des maçons ; elle est remplacée par une première coulée de béton réalisée par des mutualistes ! 
En cours de chantier, l’architecte modifie l’entrée et remplace la coupole prévue par un campanile en 1912. L’aménagement intérieur et les décors sont particulièrement soignés, en particulier les vitraux posés en juin 1913 par la maison Paquin et Sarrazin et réalisés en verre de Saint-Gobain, mais aussi les mosaïques de Bertin et Ciancia, ou les luminaires.

Un concours est organisé par la Ville pour la sculpture du fronton représentant la solidarité et l’éducation. Le jury se prononce pour le projet du sculpteur Pierre Aubert qui décède en 1912 et la réalisation est achevée postérieurement sur ses croquis.

Les travaux ne sont pas complètement terminés lorsque le président de la République Raymond Poincaré l’inaugure lors de sa visite officielle à Lyon en mai 1914 pour l’exposition internationale urbaine. Le bâtiment terminé, dont la réception définitive est signée le 23 juillet 1915, est officiellement inauguré après la première guerre mondiale par le ministre de l'hygiène, de l'assistance et de la prévoyance sociale le 21 avril 1921.

 

Les archives des anciennes sociétés de secours mutuels qui étaient conservées dans le Palais de la Mutualité ont été récemment déposées par la Mutualité française du Rhône aux Archives municipales de Lyon.