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La longue marche de l'imprimerie

Cette vidéo a été réalisée dans le cadre de la série d'émissions intitulée « Clin d'oeuvres » en collaboration avec la société de production Haut les mains et le Portail Culture de la Ville de Lyon.




Informations historiques complémentaires


Vers 1450, Gutenberg met au point la première presse à imprimer typographique.

On sait peu de choses des presses utilisées par les tout premiers imprimeurs typographes. On suppose toutefois que les presses de Gutenberg s’inspiraient des presses à vin, lesquelles remontent à la Rome antique. S’il existe des illustrations très anciennes de presses à imprimer, aucune presse conservée aujourd’hui n’est antérieure au milieu du XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, les presses typographiques ont connu des améliorations, mais pour l’essentiel, elles demeurèrent identiques durant trois siècles.
Ces presses étaient fabriquées presque entièrement en bois. Quelque soixante-dix d’entre elles ont survécu, dont sept sont conservées au musée Plantin-Moretus d’Anvers.

Les deux presses présentées au Musée de l’imprimerie à Lyon ont été reconstituées à des fins pédagogiques. La première, pour l’ouverture du Musée, a été confectionnée par les Compagnons du Tour de France en 1959. Elle évoque la presse telle qu’elle devait être utilisée par les imprimeurs européens du XVe siècle. La seconde vient d’être construite par Alan May d’après les plans d’une presse du XVIIIe siècle conservée à la Smithsonian Institution aux États-Unis.

Comment fonctionnait la presse typographique ?

Si Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie, qui vient d’Extrême-Orient, il a bel et bien mis au point la typographie, c’est-à-dire l’impression au moyen d’une presse à imprimer de textes composés avec des caractères mobiles.
Ces caractères sont fondus un à un, en alliage de plomb, avec un moule à main. Pour obtenir le texte, le compositeur place les caractères à l’envers, sur une règle métallique, le composteur. Il obtient des lignes qu’il assemble sur une planchette de bois, la galée, puis il les fixe solidement sur un châssis appelé forme.
Cette forme est encrée à l’aide de tampons recouverts de cuir, les balles. L’imprimeur dispose le papier sur les caractères encrés. Le pressier abaisse le levier pour que la platine appuie fortement sur la feuille. À l’origine, la platine est plus petite que la forme, il faut donc deux pressions pour imprimer la feuille, d’où le nom de « presses à deux coups » utilisé pendant toute la période de l’imprimerie artisanale.

Deux coups qui changèrent le monde

Des ouvriers aux noms pittoresques travaillent dans les ateliers : « l’ours » manie la presse ; « le singe » compose les textes, aidés de « l’éculeux » : l’apprenti. Dans ces officines, à la fois ateliers et librairies, l’imprimerie gagne une immense force d’expression et une liberté qui va changer le monde.
Le Placard contre la Messe, cette affiche protestante qui contribua à déclencher les guerres de religion, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ou les journaux de la Résistance nous le rappellent tous les jours.

Le Placard contre la messe (1534)

Cette affiche protestante, dont l’auteur est Antoine Marcourt, fut placardée à de nombreux exemplaires dans Paris et jusque sur la porte de François 1er à Amboise ; elle motiva ce que l’on appelle « l’affaire des placards » qui déclencha les guerres de religion en France. Très rare, il n’en existe qu’une poignée d’exemplaires, le Placard avait été imprimé en caractères gothiques par Pierre de Vingle, un imprimeur lyonnais réformé en exil à Neuchâtel. Outre celui du Musée de l’imprimerie, il n’existe qu’un seul autre exemplaire en France, à la Bibliothèque nationale.


Bibliographie


AUDIN, M., Histoire de l’imprimerie, radioscopie d’une ère : de Gutenberg à l’informatique, Paris, Picard, 1972.

BARBIER, F., Histoire du livre, Paris, Armand Colin, 2000.

BECHTEL, Guy, Gutenberg et l’invention de l’imprimerie : une enquête, Paris, Fayard, 1992.

BLASSELLE, B., Histoire du livre, Découvertes Gallimard n°321, t.1 et 2, Paris, Gallimard, 1997.

DARNTON, R., L’aventure de l’Encyclopédie, 1775-1800, un best-seller au siècle des Lumières, Paris, Perrin, 1982.

FEBVRE, L. et MARTIN, H.-J., L’apparition du livre, Paris, Albin Michel, 1ère édition 1958.

FERTEL, M.-D., La science pratique de l’imprimerie, Saint-Omer, 1723 ; réimpression, Farnborough, Gregg International, 1971 (consultable en ligne).

MOUREAU, F., Le roman vrai de l’Encyclopédie, Découvertes Gallimard n°100, Paris, Gallimard, 2001.

TWYMAN, M., L’imprimerie : histoire et techniques, Lyon, ENS éditions : Institut d’histoire du livre / Amis du Musée de l’imprimerie, 2007.