23 rue Marc Bloch
Adresse : 23 rue Marc Bloch, 69007 Lyon
Période(s) : Antiquité, Médiéval, Moderne, Contemporaine
Opération : fouille d'archéologie préventive
Dates de l'opération : décembre 2013 - février 2014
Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon
Aménageur : ALTAREA-COGEDIM
La parcelle adressée au 23, rue Marc Bloch, dans le 7ème arrondissement de Lyon, se situe en rive gauche du Rhône, dans un quartier où l’archéologie intervient peu. Néanmoins, les quelques découvertes anciennes (éléments lapidaires antiques à vocation funéraire notamment, bornes miliaires) ainsi que les opérations d’archéologie préventive, si ponctuelles soient-elles, ont permis la publication d’une première synthèse (Blaizot et al. 2010). Elle met en lumière la fréquentation ancienne, bien que sporadique de cet espace (découvertes du Néolithique final et Age du Bronze au nord et nord-ouest du site Marc Bloch), ainsi qu’une exploitation du terroir dès l’Antiquité, en témoignent les fossés parcellaires mis en évidence, à quelques 300 m au nord de la présente fouille. L’élément structurant le plus marquant serait la voie de circulation dite compendium, reliant la cité de Lugdunum à Vienne.
Terrain naturel
Le terrain naturel, une terrasse
fluvio-glaciaire, datée jusqu’à présent du Fini-Würmien
(Tardiglaciaire), soit 20 000 BP (stade de Morestel), affleure dans ce
quartier à très faible profondeur sous la chaussée contemporaine. Rue
Marc Bloch, il affleure au sud-ouest à 168,03 m NGF (soit à moins de
0,50 m sous la chaussée du XXe s.) et à 163,90 m au nord-est. La fouille
de 2013-2014 a donné lieu à de nouvelles observations morphologiques et
sédimentaires, et à une datation OSL reculant de 20 000 ans l’âge
initialement donné. Par conséquent, le sédiment testé et daté de 40 000
BP se serait déposé durant un interglaciaire würmien. Les reliefs
observés évoquent un bourrelet : il s’agirait d’une levée de berge due
aux chenaux de fonte périglaciaires. Au-delà de ce bourrelet, en
direction du nord, on peut restituer une topographie initiale (avant
occupation et modifications anthropiques) en pente en direction du
nord-est de 11% (6,3°), inverse à la topographie urbaine actuelle.
Antiquité
Deux entailles anthropiques semi-circulaires, marquent la rupture de pente. Ces cuvettes semblent résulter d’une extraction de sables et galets. Elles sont comblées par des remblais antiques contenant du mobilier (céramique essentiellement) et des écofacts funéraires (charbons, os brûlés et non-brûlés) issus de crémations et d’inhumations ayant eu lieu, d’après le mobilier céramique, entre le milieu du Ier s. et le milieu du IIe s. ap. J.-C.
A l’Antiquité appartiennent aussi deux sépultures individuelles primaires à inhumation (datation 14C : 135-335). Elles sont occupées par deux individus (un jeune adulte de sexe masculin et un immature d’environ 12 ans) installés dans des fosses sub-ovalaires relativement étroites, creusées dans le TN. Ils sont tous deux déposés dans des coffres de bois cloués.
Moyen Age
Plus tardivement, à la fin du VIe s. ou au
début du VIIe s. (datation 14C sur charbon), un bâtiment sur poteaux est
bâti sur l’espace plan sis à l’avant de la plus grande ablation alors
remblayée. Ses dimensions modestes (7 x 4,5 m) en font une cabane ou une
cellule d’habitation n’excédant pas 31,5 m 2, répartis selon deux
travées est-ouest séparée par la ligne faîtière. On restitue un petit
appentis sur sa face nord constitué de deux poteaux parallèles à la
ligne de façade et possiblement destinés à recevoir une prolongation de
la couverture.
De la période moderne à nos jours
Après une phase de recouvrement sédimentaire largement pédogénéisé, constitué de terres organiques noires, pauvres en mobilier, le site est investi et aménagé à des fins agricoles durant le XVIIe s. : fossés parcellaires, drains et ensevelissement de bestiaux (bovidés, équidé) jalonnent la parcelle.
Au XIXe s., le cadastre napoléonien donne à voir une parcelle exempte de toute construction. La mise au jour d’un fossé est-ouest, traversant le 1/3 sud-ouest du terrain, illustre cette période où le quartier de la Madeleine était encore très peu occupé.
Enfin, le XXe s. est marqué par l’investissement des lieux par l’entreprise de quincaillerie Maurin dont les bâtiments industriels de 1950 ont été détruits préalablement au diagnostic archéologique de 2013. Caves, cuves à fuel, et quelques fondations restantes ont été extraites durant la fouille, derniers vestiges d’une industrie du siècle dernier.
Pour aller plus loin...
Le site du 23 rue Marc Bloch a fait l'objet d'une restitution 3D architecturale et géomorphologique dont les résultats ont été présentés durant la Fête de la Science 2014. Téléchargez les panneaux et le livret de l'animation "le passé en plastique, archéologie et impression 3D" :