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Hommage à Jean Anette

Hommage à Jean Anette, témoin du Centre d'Histoire de Lyon.

Le Centre d'Histoire rend hommage à Jean Anette, résistant, ancien membre du réseau " Klan ", interné au camp de Hallendorf puis à Flossenburg. Témoin actif du CHRD depuis de nombreuses années, Jean Anette est décédé le 19 Août 2010.

Raymond Jean Henri Anette est né en 1920 à Paris. En octobre 1939, alors âgé de dix-neuf ans, il souscrit un engagement volontaire pour la durée de la guerre et participe en mai-juin 1940, en tant que sous-officier, à la campagne de France, où il obtient trois citations.
En juillet 1940, il est muté de l'armée au groupement n° 3 des Chantiers de la jeunesse française.
À la fin de l'année 1941, il entre au réseau « Klan » (en liaison directe avec les services de renseignement britanniques), tout en étant officiellement cadre administratif en zone occupée (Seine-et-Marne) du Secrétariat d'État à la jeunesse, dans un centre de formation professionnelle destiné à des jeunes gens dits « en état de danger moral ».
Il se marie en juin 1942, mais n'assistera pas à la naissance de son premier enfant, en septembre 1943.
Requis pour le STO en mars 1943 (il a alors vingt-trois ans), il est contraint, malgré son refus viscéral de répondre à la convocation, de plier face aux menaces proférées par le commissaire de police de sa commune à l'encontre de sa femme et de sa belle-famille. Il se résout donc à prendre le train le 15 mars au départ de la gare de l'Est à Paris, pour honorer son affectation dans une laiterie de la Ruhr. Sympathisant durant le voyage avec deux autres requis, le trio décide, lors d'un arrêt, de prendre le premier train partant vers l'est afin de fuir loin de la Ruhr et des bombardements de l'aviation des Alliés. À la frontière de la Haute Silésie, les voici contraints de descendre sur un quai pour être jaugés par les paysans du coin et soumis à leur choix de main-d'oeuvre, comme dans une foire à bestiaux. Le voyage se poursuit. Il les mène au terminus de leur convoi, en gare de Trzynietz. Ils sont conduits dans un camp, affectés à une aciérie, l'Eisenwerk, qui regroupe 250 requis du STO.
Les jeunes Français des chantiers sont fortement structurés, ce qui les distingue des autres STO et les prédispose à la solidarité devant l'épreuve.
Les équipes CJF dont il est l'émanation (bien qu'il ne soit pas parti à ce titre) oeuvrent sur le terrain.
Début juin 1943, ayant renoué avec une structure « chantier » dans le cadre de la mission sociale CJF auprès des STO, il se fait sans peine nommer délégué de ses camarades et obtient à ce titre une amélioration conséquente de leur sort. La responsabilité est écrasante pour le jeune homme qu'il est, mais il l'assume avec conviction.
Apprécié de ses hommes dans son rôle de relais avec les autorités, il n'en est que plus surveillé jusqu'à être stigmatisé, notamment comme responsable de l'inertie des travailleurs français au sein du camp ou encore pour s'être interposé en janvier 1944 contre un Allemand frappant l'un de ses hommes.

Expulsé de Haute-Silésie, le voici envoyé en mai 1944 au camp de Watenstedt, près de Brunswick (région de Hanovre), où il participe très activement, ignorant la sanction, aux activités de résistance (actions coordonnées par le MNPGD).

Le 21 juin 1944, il est interpellé par la Gestapo, avec huit camarades du réseau, accusé entre autres d'écoute de la radio alliée, de propagande antinazie, de sabotages, d'aide à l'évasion de prisonniers de guerre.
La sentence tombe, brutale et se traduit par une détention à perpétuité.
Interné au camp d'Hallendorf (à 10 km à l'ouest de Watenstedt), il est ensuite déporté en septembre 1944 au camp de Flossenbürg. Son état laisse à désirer : avec un poids de 43 kilos, il doute de sa capacité de survie et de ses chances de revoir sa femme et son enfant.

Fin avril, il est libéré par l'armée Patton (3e armée américaine).
À son retour en France, l'été 1945, il apprend qu'il est le seul survivant de l'équipe arrêtée avec lui.
Au sortir de la guerre, Jean Anette s'investit dans le mouvement associatif, notamment au sein de la FNDIR (Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance).