Jamais l’image de la mère et de la bonne épouse n’a été aussi valorisée que sous Vichy tant par la propagande officielle que par les magazines : nombreux sont les articles vantant les mérites de la maternité et l’épanouissement de la femme mariée dans son foyer. Dans le cadre de cette politique prônant les mérites d’un « éternel féminin », ce sont les femmes de prisonniers de guerre qui apparaissent comme les plus choyées et valorisées par les discours aux côtés des mères de familles nombreuses. Pourtant si on confronte ces représentations à la réalité, le contraste est saisissant : les femmes peinent à se vêtir et à nourrir leur progéniture. Les femmes de prisonniers sont particulièrement soumises à un contrôle moral étroit et ne disposent pas d’allocations suffisantes pour vivre. Plus grave encore, un système répressif est instauré et la délation, aux terribles conséquences, est encouragée pour lutter contre l’avortement. Pourtant, les femmes ne restent pas passives face à ces injustices : des manifestations de ménagères dénoncent l’hypocrisie du régime et montrent combien ce sont elles qui incarnent la vraie famille française.
Par Christophe Capuano, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Lumière-Lyon 2 - LAHRHA
JEUDI 9 JANVIER AÂ 18h30
Les années noires de 1939 à 1944, particulièrement denses en événements, sont exemplaires pour étudier la façon dont la population s’est adaptée aux bouleversements en cours. L’occupation allemande et le gouvernement de Vichy imposent de nouvelles structures politiques et économiques qui frappent tous les domaines, la mode y compris. En quelques mois, le pays passe de l’abondance à la pénurie et il devient difficile pour les mères de se procurer du tissu, de la laine, du cuir pour habiller la famille. La paperasserie domine la vie des Français soumis au régime des tickets et des cartes de rationnement. Comment les femmes ont-elles fait face ? Peut-on parler d’une mode de guerre ? Que sont devenus les couturiers durant cette période? Comment les maîtresses de maison ont réagi devant les interdictions ? Et de quelle façon la mode quotidienne a fait une place importante au règne de la prouesse individuelle et de l’imagination ?
Par Dominique Veillon, historienne et directrice de recherche au CNRS
JEUDI 30 JANVIER AÂ 18h30
Cette période troublée est le cadre de très nombreuses œuvres cinématographiques, de genres variés, de la comédie au drame ou à la fresque historique. Après les films contemporains de cette époque, d’autres sont venus proposer reflets et/ou interprétations de l’histoire. Réalisés par des metteurs en scène (et des équipes) qui ont vécu cette époque, puis par des générations plus jeunes, ces films proposent d’autres enjeux : ils relisent l’histoire à travers des informations récentes et des visions différentes, osent des lectures multiples de la mode et l’interprètent avec de nouvelles propositions. Ainsi, chacun est à décrypter en tenant compte de ces divers facteurs : les opinions politiques du réalisateur, son univers esthétique, sa sensibilité à la mode vont l’amener à (re)créer un univers spécifique. Analysant les intrigues, les personnages et les reconstitutions visuelles, nous étudierons quelle image de la société et de la femme propose la mode telle que représentée dans les films.
Par Nicole Foucher, maitre de conférences Cinéma-Mode , université Lumière-Lyon 2, université de la Mode
MERCREDI 19 MARS AÂ 18h30 // COMPLET
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