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Employé de gare au début de la guerre, Paul Touvier s'engagera très vite dans la Légion française des combattants puis dans la Milce. Il sera le premier français condamné pour crimes contre l'humanité en 1994.
Paul Touvier voit le jour le 3 avril 1915 à Saint-Vincent-sur-Jabron (Basses-Alpes)Aîné d’une famille de onze enfants, il grandit avec sa fratrie dans la banlieue de Chambéry, dans un milieu catholique, sympathisant de la mouvance d’extrême-droite. Orphelin de mère à l’adolescence, l’influence de son père n’en devient que plus déterminante dans ses options futures.D’abord partisan des Croix de feu du colonel de la Rocque, ce dernier milite ensuite au parti social français (PSF), puis à la Fédération nationale catholique, avant de faire siennes les thèses antidémocratiques et antisémites de Charles Maurras.
L’âge de raison venu, le jeune homme adhère à son tour au PSF., non sans cultiver une certaine indépendance dans ses choix de vie, que ce soit en épousant, contre l’avis paternel, une femme issue d’une lignée de francs-maçons ou en s’affranchissant de la pratique religieuse. Professionnellement, il s’accommode d’un statut d’employé à la gare de Chambéry. Mobilisé à Epinal à la déclaration de guerre, il retrouve la Savoie en septembre 1940, et avec elle son modeste emploi, sans perspectives. Deux mois plus tard, les paroles du cardinal Gerlier sonnent pour lui comme un révélateur, lorsqu’il l’entend déclamer, dans un discours de bienvenue à Pétain en déplacement à Lyon, « Pétain, c’est la France ».Militer pour le maréchal, quelle meilleure chance à saisir pour sortir de l’enlisement ?
Touvier propose alors ses services à la Légion française des combattants, puis au Service d’ordre légionnaire (SOL) de Joseph Darnand, autrement plus prometteur en termes d’audience sous sa bannière anticommuniste, antirépublicaine, antisémite.En juillet 1942 le voici donc, à l’âge de 27 ans, promu secrétaire du mouvement pour le département de la Savoie. Son adhésion à la Milice, créée le 30 janvier 1943, est dans l’ordre des choses, ses cadres restant à peu de choses près ceux du SOL. D’abord missionné pour organiser à Chambéry le 2e service du département, spécialisé dans la répression, on le retrouve dans la foulée aux commandes de son équivalent pour le département du Rhône, basé à Lyon, où il va se tailler une réputation.
Pour se loger, rien de plus simple que de réquisitionner l’appartement d’une famille juive dans le 6e arrondissement, dont il s’empresse de vendre une partie du mobilier. Outre les frasques sentimentales de « Monsieur Paul », largement commentées sur la place publique, son racket permanent lors des perquisitions opérées sous sa responsabilité devient un mode opératoire pour le service qu’il dirige, gangrené. Ils lui valent une convocation en janvier 1944 à Vichy, dont il sort blanchi.
Restent ses crimes, qui le rattraperont : l’attentat contre la synagogue du quai de Tilsit le 10 décembre 1943, l’assassinat de Victor Basch, président de la Ligue des droits de l’homme et de son épouse, octogénaires abattus de sang-froid le 10 janvier 1944, en sa présence. L’exécution de sept otages juifs à Rillieux-la-Pape en juin 1944 scellera sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l’humanité en 1994, au terme d’une cavale de plus de quarante ans, favorisée par un faisceau de protections.Paul Touvier s’éteint en 1996.